Éditions GOPE, 108 pages, 16.5x23.3 cm, 18.80 €, ISBN 978-2-9535538-4-0

mardi 24 juin 2014

L’univers fantasque et captivant de Virginie Broquet

Virginie Broquet semble elle-même sortir d’un roman graphique : sa silhouette longiligne et sexy, ses tenues près du corps aux matières lycra scintillantes, son œil espiègle et sa fougue font d’elle une héroïne des temps modernes. Sourire aux lèvres et crayon en main, elle croque tout ce qui l’entoure avec véracité. Curieuse, elle peint la vie, observe les gens, les situations avec une vraie volonté de retranscrire ce qui l’entoure. Artiste pluridisciplinaire, Virginie partage son activité entre la presse, la bande dessinée, l’illustration, la publicité, la peinture et la mode, notamment avec Isabel Marant et Xuly Bët. Une vingtaine d’ouvrages éclectiques adultes et jeunesse sont à son actif. Quand elle n’est pas chez elle à Nice où elle participe chaque année à la conception de chars pour le grand Carnaval annuel, elle parcourt le monde, telle une aventurière pour élaborer ses carnets de voyage.

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Son dernier ouvrage, Suzy Wong et les esprits participe à la fusion de son travail artistique développé pour la BD et de celui qu’elle propose pour les ambassades. Suzy Wong et les Esprits est librement inspiré du roman de Richard Mason paru en 1957. Avec son style si particulier, libre et baroque Virginie Broquet narre les aventures de Suzy à Hong Kong, à la recherche de ses oncles et tantes aux activités louches et adeptes de sciences occultes. Un récit déluré au rythme soutenu, des dessins chatoyants rehaussés à l’aquarelle dont les détails foisonnants séduisent par leur authenticité.

Emmanuelle Vigne – 10/06/2014
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mardi 10 juin 2014

Fauve qui peut

Après tout le monde, je viens de recevoir Suzy Wong et les esprits. Je dis après tout le monde car, aussi étrange que cela puisse être, l’enveloppe contenant le roman graphique de Virginie Broquet a dû auparavant faire deux fois le tour du monde avant d’atterrir dans ma boîte aux lettres – nous ne contrôlons pas toujours le cours des choses. Collectionneur de timbres, comme tout un chacun, je le fus. En voyant tous ces timbres plus exotiques les uns que les autres tapisser l’enveloppe, j’ai envisagé un instant commencer une nouvelle collection. Putain ce qu’ils sont beaux les timbres du Mozambique ! Et ceux du Groenland, je ne vous dis pas ! Entre nous, elle est allée faire quoi, Suzy, au Groenland ?

a) se farcir un phoque
b) s’adonner au morse
c) dissoudre un iceberg

Bref, après tout le monde, donc, j’ai pu mater le joli derrière de Suzy. Adolescent, j’avais Lui et Playboy planqués sous le matelas. Désormais, sous mon matelas, j’ai Suzy Wong et les esprits. Assurément je ne perds pas au change. Trop bonne, Suzy ! Son cul, ses seins, sa bouche ! Sopalin, s’il vous plaît ! 

Bizarrement, en feuilletant les pages de cet album, tableaux après tableaux (car, ici, il s’agit bel et bien de tableaux), des rouges, des verts, des jaunes et des bleus plein les yeux, je me suis retrouvé baignant dans un océan coloré fait de glaces à l’eau. Un monde de Popsicle et de Mister Freeze rien que pour moi ! Pour tout vous dire, j’ai bien failli y mettre la langue dans l’espoir de faire fondre cette orgie de couleurs dans ma bouche. Alors, j’aurais fait pipi un arc-en-ciel. Mais on ne met pas à la bouche des glaces chaudes comme la braise au risque de se brûler la langue. On se contente de regarder, de contempler, mais aussi d’écouter. Suzy a tellement de choses à nous dire. Elle a ses petits secrets, voyez-vous ! Ses petits secrets de gonzesse ! Alors, à la page 31, j’ai tendu l’oreille. De sa voix chaude et envoûtante, Suzy m’a dit… non, je le garde pour moi. Mais je suis certain qu’elle vous livrera aussi ses secrets si vous savez tendre l’oreille. Contempler les dessins, c’est bien. Les écouter, c’est mieux. Et Suzy la divine vous dira tout. Et c’est là toute la subtilité de Virginie Broquet, laisser à chaque lecteur la possibilité de converser avec sa Suzy, laquelle, au fil des pages, devient notre Suzy… notre Suzy chérie. Sopalin, j’ai dit !

Virginie Broquet est un fauve. Je n’ai pas dit tigresse du Mozambique ou panthère du Groenland. J’ai dit fauve. Non mais regardez comment cette artiste utilise la couleur ! Chez Virginie, il y a du Matisse, du Derain, du Duffy, du de Vlaminck. C’est strident, virulent, animé, torrentueux, pi(g)menté. Donc, immensément fauve. Il y a aussi un zest de Pablo, un doigt de Cocteau, une larme de Chagall. Il y a même une once de Mondrian, celui du tout début, version Arbre rouge. Mais Virginie, c’est Virginie, et son style, au-delà de toutes ces influences, n’appartient qu’à elle. De par la couleur, c’est orgiaque. Oui, c’est ça, orgiaque. Somptueusement orgiaque. Broquet, du grand braquet qui fout le feu à ma braguette… la braguette derrière laquelle se planque mon cerveau, celui qui mène à la baguette tous mes sens. 

Bon, à défaut de Sopalin, je m’en vais faire un gros câlin à Suzy. Un gros câlin dans les bras du grand fauve…

Cyril Namiech, auteur de Thaïlande guili-guili et Magie thaïe.

mardi 3 juin 2014

Carnet de voyage dessiné…

dBD #84 (Juin 2014)

Née à Hong Kong le quinzième jour du quatrième mois de l’année du Tigre, Suzy Wong serait en réalité l’incarnation de la déesse de la Lune. Protégée depuis sa naissance par trois esprits ancestraux invisibles, elle devient vite la mascotte de la maison close dirigée par sa grand-mère Wong Su Xi.
Son destin bascule le jour où sa mère trouve la mort dans l’incendie qui ravage ce bordel flottant. À la sortie du pensionnat où elle est immédiatement placée pour parfaire son éducation, elle décide de réunir ses six oncles et tantes dispersés à travers l’Asie pour l’anniversaire de sa grand-mère que tout le monde semble avoir oublié. Mais viendront-ils seulement fêter cette vieille dame qui a tant fait pour leur famille ?

Suzy Wong et les esprits est d’abord et avant tout un excellent moyen de découvrir l’univers coloré et onirique de Virginie Broquet. En fusionnant les domaines de la bande dessinée et du carnet de voyage, l’auteure fait preuve d’une grande liberté artistique et c’est ce que nous aimons chez elle. Un monde à découvrir… et une très belle ode à l’Asie, une région du monde qu’elle affectionne particulièrement.

Frédéric Bosser
dBD #84 (juin 2014)